Avions

Frédérique Soumagne

De l’Oiseau blanc, l’avion parti le 8 mai 1927 pour traverser l’Océan atlantique, et de ses deux pilotes, Charles Nungesser et François Coli, on n’a rien retrouvé.
Il reste cependant quelque chose de l’aventure inachevée qui est à l’origine de ce texte. Dans l’histoire particulière de l’avion disparu, à partir de laquelle s’ouvre ce long poème, une époque est toute entière contenue et elle parle.
C’est cette période de l’Histoire, au tournant des XIXe et XXe siècle, que le livre déplie, avec ses inventions, ses tentatives, ses projets fous, ses constructions démesurées : ses rêves, mis en œuvre dans le réel.
Explorations, guerre, naufrages, rêves intenses de vol, de vitesse, de lumière, de puissance : imagination et science, rêve et technique font jeu égal dans ce chaos où l’Histoire s’accélère, où les échecs flamboyants succèdent aux réussites, dans un frôlement perpétuel avec le danger.
On y lit aussi, en écho avec d’autres époques (et la nôtre), une vibration intense, suspendue entre la vie et la mort.
C’est un de ces moments où les êtres humains courent joyeusement entre les désastres, une époque sombre et lumineuse où les passions humaines semblent comme mises à nu.

 

on a creusé partout sous la terre et martelé frappé
le charbon dispense chaleur force lumière et mouvement
à un milliard deux milliards d’insectes comme nous sommes sur
la terre, et qui courent

grandeur extraordinaire de la tour Eiffel, splendeur étincelante
du Crystal Palace

nous avons creusé des labyrinthes gigantesques sous la terre
ici ou là ça s’écroule

mais maintenant
c’est l’hiver
il n’y a pas la guerre ici
c’est la nuit
à Paris

isbn : 979-10-97146-72-6
344 p., 14 × 19 cm