Essayiste, poète et photographe accidentel, Nathanaël est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages écrits en anglais ou en français, parfois en s’auto-traduisant. Elle a traduit des ouvrages d’Édouard Glissant, de Hervé
Guibert, Danielle Collobert, Catherine Mavrikakis et Hilda Hilst (cette dernière en collaboration avec Rachel Gontijo Araújo).
Nathanaël vit à Chicago.
88 p., 14/19 cm, 11,50 €
isbn : 979-10-97146-30-6
Nathanaël livre avec effarés visages un essai poétique qui propose une lecture de ce qui se dit visage. Commençant avec le visage d’Antinoüs, c’est un voyage qui va interpeller les chemins de Paul Virilio, Alejandra Pizarnik, Mizoguchi Kenji, Marguerite Duras, Kobayashi Masaki. Claude Cahun sera, ici, aussi convoquée lors de ce voyage qui veut penser la révélation de l’épitaphe à demi effacée qu’est le visage.
Extrait :
Antinoüs : jeune amant suicidé d’Hadrien, dont la moitié du visage sied à Rome, au Palazzo Altemps, et l’autre moitié à Chicago, au musée des beaux-arts.
Antinoüs figure d’une Europe affligée et d’une Amérique sans cesse à refaire.
D’une part son visage est trompeusement reconstitué, de l’autre laissé en état de ruine, béant et fracassé.
De ce dédoublement surgit une contrariété, dont la pensée s’entredéchire sur les berges de deux continents noyés. L’amant, ainsi scindé, se voit soudain soumis à un enchaînement d’échos, s’avérant l’un, plus distancié que l’autre, de socle en socle, et d’imitation en imitation, d’où il se voit irrémédiablement arraché, implanté, renversé, et supplanté. Même identifié, le visage ne s’appartient plus, car déporté vers des zones d’auscultation post-mortelle suivant une méthode réservée aux cadavres exhumés.
72 p., 14/19 cm, 12 €
isbn : 979-10-97146-13-9
La mort de ma sœur est un carnet phototextuel qui dit l’indignation d’une géographie confrontée au corps lointain du cinéma. Rébarbatif aux formes finales, ces écrits qui assument la forme parfois de lettres sans destinataire, disent l’intimité d’une géologie au fil de lectures et de films parfois incléments, où l’eau qui s’infiltre déplace à nouveau le cadavre égaré. À en croire ses itinéraires éclatés, l’orage tropical qui s’abat sur une côte intérieure du Midwest américain accède à son présent dans un certain cinéma japonais. D’os et d’eau, La mort de ma sœur est un livre, comme l’épiphyte, déraciné.
Extrait :
Mais comment se fait-il que c’est par l’écriture que l’on disparaît ? (Tu arrives à l’impromptu, devant la porte ou sur la grève : tu cries ton nom, tu cries des traînées de salive, les mains dégoulinantes de sève, le corps hanté par la rue où tu t’es croisé, surpeuplé de cadavres, tu dis, et moi quand je me lève et m’approche c’est la houle qui m’abat et si je tombe dans tes bras c’est une forme de désuétude, car tu vis bien au-delà de ce que je sais vivre, et dans ta façon de le dire, tu le cries pour ne pas te faire entendre, alors j’écoute auprès de la même peau qui t’essuie, ce que tu dis du désir et de l’anéantissement de ton sexe, une sorte de recul, alors tu coules, l’apparition que tu appelles a la même forme que la chose attribuée au mot lointain que tu sommes au moment de me rencontrer, en bas, sur la grève, devant la bouche de l’innombrable ville qui te happe afin que tu sois nommé.)