Herem

André MarkowiczOlivier MellanoDan Ramaën

Ce livre met en exergue le texte Herem d’André Markowicz en rendant compte de l’ensemble du travail accompli lors de sa mise en espace par la compagnie L’Unijambiste. Ainsi, accompagnent le texte, les photographies de Dan Ramaen que le spectateur pouvait voir lors des représentations.
Un disque d’un enregistrement d’une de ces représentations, avec Olivier Mellano à la guitare, soulignera toute la dimension orale du texte porté par les voix d’André Markowicz, de Arm et du comédien Vincent Mourlon.

Le metteur en scène David Gauchard présentait ainsi Herem :

« Herem » équivaut, dans la confession juive, au plus haut niveau de censure. Il désigne l’excommunication irrémédiable d’une personne de la communauté. Dans la continuité du travail effectué depuis des années avec André Markowicz autour de ses traductions, je me suis proposé de mettre en mouvement ce poème fleuve, vibrant hommage à l’homme à la veille de la nuit éternelle, lorsqu’il se sait : « herem de la vie ».

 

Rôdent les loups

gris dans la plaine, l’host

vers la rapine — et le soleil

a fait un ciel

d’acier mouvant sur eux, ma vie,

tu es déjà derrière moi.

Ce qu’il faut de patience pour

ne plus être. Sans même

avoir sur soi la peine faite

et la peine laissée. Les yeux

sont rouges, c’est d’un rouge unique. — Vent,

a dit l’orante, si

j’avais des ailes, tu

souffles dans le grand ciel, pourquoi

veux-tu la terre aussi ? — un souffle

abrupt, enveloppant

tangage pour confondre haut

et bas

mais sans que rien

ne cogne, sans la moindre arrête, il est

devant la perte et sa

terreur compacte. Les ajoncs

ainsi, un soir d’automne avant

la pluie.

Tourner la tête encore, évacuer

l’image. Celle qui le voit

le voit. — « Et quand ils eurent pris

femmes, tissus, vaisselle d’or

et d’argent et d’étain, et les troupeaux,

ils arrivèrent sur les bords de la

rivière, et le soir était rouge. L’eau

était pourpre. Ils avaient soif. »

 

isbn : 978-2-917136-61-4
300 p., 20,5 × 23 cm